Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/448

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Viriate
Sertorius ?

Thamire
—————Hélas ! Ce grand Sertorius…

Viriate
N’achèveras-tu point ?

Thamire
——————————Madame, il ne vit plus.

Viriate
Il ne vit plus ? Ô ciel ! Qui te l’a dit, Thamire ?

Thamire
Ses assassins font gloire eux-mêmes de le dire.
Ces tigres, dont la rage, au milieu du festin,
Par l’ordre d’un perfide a tranché son destin,
Tous couverts de son sang, courent parmi la ville
Émouvoir les soldats et le peuple imbécile ;
Et Perpenna par eux proclamé général
Ne vous fait que trop voir d’où part ce coup fatal.

Viriate
Il m’en fait voir ensemble et l’auteur et la cause.
Par cet assassinat, c’est de moi qu’on dispose :
C’est mon trône, c’est moi qu’on prétend conquérir,
Et c’est mon juste choix qui seul l’a fait périr.
Madame, après sa perte, et parmi ces alarmes,
N’attendez point de moi de soupirs ni de larmes ;
Ce sont amusements que dédaigne aisément
Le prompt et noble orgueil d’un vif ressentiment :
Qui pleure l’affaiblit, qui soupire l’exhale.
Il faut plus de fierté dans une âme royale ;
Et ma douleur, soumise aux soins de le venger…