Sertorius ?
Hélas ! Ce grand Sertorius…
N’achèveras-tu point ?
Madame, il ne vit plus.
Il ne vit plus ? Ô ciel ! Qui te l’a dit, Thamire ?
Ses assassins font gloire eux-mêmes de le dire.
Ces tigres, dont la rage, au milieu du festin,
Par l’ordre d’un perfide a tranché son destin,
Tous couverts de son sang, courent parmi la ville
Émouvoir les soldats et le peuple imbécile ;
Et Perpenna par eux proclamé général
Ne vous fait que trop voir d’où part ce coup fatal.
Il m’en fait voir ensemble et l’auteur et la cause.
Par cet assassinat, c’est de moi qu’on dispose :
C’est mon trône, c’est moi qu’on prétend conquérir,
Et c’est mon juste choix qui seul l’a fait périr.
Madame, après sa perte, et parmi ces alarmes,
N’attendez point de moi de soupirs ni de larmes[1] ;
Ce sont amusements que dédaigne aisément
Le prompt et noble orgueil d’un vif ressentiment :
Qui pleure l’affoiblit, qui soupire l’exhale.
Il faut plus de fierté dans une âme royale ;
Et ma douleur, soumise aux soins de le venger…
- ↑ « Il semble que l’auteur, refroidi lui-même dans cette scène, fait répéter à Viriate le même vers et les mêmes choses que dit Cornélie en tenant l’urne de Pompée, à cela près que les vers de Cornélie sont très-touchants et que ceux de Viriate languissent. » (Voltaire.) — Voyez au tome IV, Pompée, acte V, scène i, vers 1461 et suivants.