Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/494

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Sophonisbe
170D’où le savez-vous donc ?

Éryxe
D’où le savez-vous donc ?D’un peu de sens commun :
On y doit être las de perdre des batailles,
Et d’avoir à trembler pour ses propres murailles.

Sophonisbe
Rome nous auroit donc appris l’art de trembler.
Annibal…

Éryxe
Annibal…Annibal a pensé l’accabler ;
175Mais ce temps-là n’est plus, et la valeur d’un homme…

Sophonisbe
On ne voit point d’ici ce qui se passe à Rome.
En ce même moment peut-être qu ’Annibal
Lui fait tout de nouveau craindre un assaut fatal,
Et que c’est pour sortir enfin de ces alarmes
180Qu’elle nous fait parler de mettre bas les armes.

Éryxe
Ce seroit pour Carthage un bonheur signalé ;
Mais, Madame, les Dieux vous !’ont-ils révélé ?
À moins que de leur voix, l’âme la plus crédule
D’un miracle pareil feroit quelque scrupule.

Sophonisbe
185Des miracles pareils arrivent quelquefois :
J’ai vu Rome en état de tomber sous nos lois ;
La guerre est journalière, et sa vicissitude
Laisse tout l’avenir dedans l’incertitude.

Éryxe
Le passé le prépare, et le soldat vainqueur
190Porte aux nouveaux combats plus de force et de cœur.

Sophonisbe