Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/524

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Vous puis-je en cet état rendre quelque service ?

Éryxe
L’occasion qui plaît semble toujours propice ;
Mais ce qui vous et moi nous doit mettre en souci,
C’est que ni vous ni moi ne commandons ici.

Sophonisbe
925Si vous y commandiez, je pourrois être à plaindre.

Éryxe
Peut-être en auriez-vous quelque peu moins à craindre.
Ceux dont avant deux jours nous y prendrons des lois
Regardent d’un autre œil la majesté des rois.
Étant ce que je suis, je redoute un exemple ;
930Et reine, c’est mon sort en vous que je contemple.

Sophonisbe
Vous avez du crédit, le Roi n’en manque point ;
Et si chez les Romains l’un à l’autre se joint…

Éryxe
Votre félicité sera longtemps parfaite,
S’ils la laissent durer autant que je souhaite.
935––Seigneur, en cet adieu recevez-en ma foi,
Ou me donnez quelqu’un qui réponde de moi.
La gloire de mon rang, qu’en vous deux je respecte,
Ne sauroit consentir que je vous sois suspecte.
Faites-moi donc justice, et ne m’imputez rien
Si le ciel à mes vœux ne s’accorde pas bien.


Scène IV – Massinisse, Sophonisbe, Mézétulle, Herminie

Massinisse
Comme elle voit ma perte aisément réparable,
Sa jalousie est foible, et son dépit traitable.