Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/527

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Je sais ce que je suis et ce que je dois faire,
Et prends pour seul objet ma gloire à satisfaire.


Scène VI – Syphax, Sophonisbe, Lépide, Herminie, gardes

Syphax
995Madame, à cet excès de générosité,
Je n’ai presque plus d’yeux pour ma captivité ;
Et malgré de mon sort la disgrâce éclatante,
Je suis encore heureux quand je vous vois constante.
––Un rival triomphant veut place en votre cœur,
1000Et vous osez pour moi dédaigner ce vainqueur !
Vous préférez mes fers à toute sa victoire,
Et savez hautement soutenir votre gloire !
Je ne vous dirai point aussi que vos conseils
M’ont fait choir de ce rang si cher à nos pareils,
1005Ni que pour les Romains votre haine implacable
A rendu ma déroute à jamais déplorable :
Puisqu’en vain Massinisse attaque votre foi,
Je règne dans votre âme, et c’est assez pour moi.

Sophonisbe
Qui vous dit qu’à ses yeux vous y régniez encore ?
1010Que pour vous je dédaigne un vainqueur qui m’adore ?
Et quelle indigne loi m’y pourroit obliger,
Lorsque vous m’apportez des fers à partager ?

Syphax
Ce soin de votre gloire, et de lui satisfaire…

Sophonisbe
Quand vous l’entendrez bien, vous dira le contraire.
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