Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/607

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

420Qu’elle prenoit plaisir à se laisser tromper ;
Et que si quelquefois l’horreur de la contrainte
Forçoit le triste Othon à soupirer sans feinte,
Soudain l’avidité de régner sur son cœur
Imputoit à l’amour ces soupirs de douleur.

PLAUTINE.

Et sa réponse enfin ?

FLAVIE.

425Et sa réponse enfin ? Elle a paru civile ;
Mais la civilité n’est qu’amour en Camille,
Comme en Othon l’amour n’est que civilité.

PLAUTINE.

Et n’a-t-elle rien dit de sa légèreté,
Rien de la foi qu’il semble avoir si mal gardée ?

FLAVIE.

430Elle a su rejeter cette fâcheuse idée,
Et n’a pas témoigné qu’elle sût seulement
Qu’on l’eût vu pour vos yeux soupirer un moment.

PLAUTINE.

Mais qu’a-t-elle promis ?

FLAVIE.

Mais qu’a-t-elle promis ? Que son devoir fidèle
Suivroit ce que Galba voudroit ordonner d’elle ;
435Et de peur d’en trop dire et d’ouvrir trop son cœur,
Elle l’a renvoyé soudain vers l’empereur.
Il lui parle à présent. Qu’en dites-vous, Madame,
Et de cet entretien que souhaite votre âme ?
Voulez-vous qu’on l’accepte ou qu’il n’obtienne rien ?

PLAUTINE.

440Moi-même, à dire vrai, je ne le sais pas bien.
Comme des deux côtés le coup me sera rude,
J’aimerois à jouir de cette inquiétude,
Et tiendrois à bonheur le reste de mes jours
De n’en sortir jamais, et de douter toujours.