Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/663

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1670Ne pensez qu’à l’époux que mon choix vous destine :
Vinius vous le donne, et vous l’accepterez,
Quand vos premiers soupirs seront évaporés.
C’est à vous, Martian, que je la laisse en garde.
Comme c’est votre main que son hymen regarde,
1675Ménagez son esprit, et ne l’aigrissez pas.
Vous pouvez, Vinius, ne suivre point mes pas ;
Et la vieille amitié, pour peu qu’il vous en reste…

VINIUS.

Ah ! c’est une amitié, Seigneur, que je déteste.
Mon cœur est tout à vous, et n’a point eu d’amis
1680Qu’autant qu’on les a vus à vos ordres soumis.

GALBA.

Suivez ; mais gardez-vous de trop de complaisance.

CAMILLE.

L’entretien des amants hait toute autre présence,
Madame ; et je retourne en mon appartement
Rendre grâces aux dieux d’un tel événement.


Scène V.

MARTIAN, PLAUTINE, ATTICUS, Soldats[1].
PLAUTINE.

1685Allez-y renfermer des pleurs[2] qui vous échappent :
Les désastres d’Othon ainsi que moi vous frappent ;
Et si l’on avoit cru vos souhaits les plus doux,
Ce grand jour le verroit couronner avec vous.
Voilà, voilà le fruit de m’avoir trop aimée ;
Voilà quel est l’effet…

  1. Le mot Soldats manque en cet endroit dans l’édition de Voltaire ([764). Voyez plus loin la note du vers 1708.
  2. On lit : « les pleurs, » dans l’édition de 1692 et dans celle de Voltaire (1764).