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ACTE IV.
Scène première.
GRIMOALD, GARIBALDE.
GARIBALDE.
Je ne m’en dédis point, Seigneur ; ce prompt retour[1]
N’est qu’une illusion qu’on fait à votre amour.
Je ne l’ai vu que trop aux discours d’Édüige :
Comme sensiblement votre change l’afflige,
Et qu’avec le feu roi ce fourbe a du rapport,
Sa flamme au désespoir fait ce dernier effort.
Rodelinde, comme elle, aime à vous mettre en peine :
L’une sert son amour et l’autre sert sa haine ;
Ce que l’une produit, l’autre ose l’avouer,
Et leur inimitié s’accorde à vous jouer[2].
- ↑ Var. Seigneur, ou je m’abuse en cette occasion,
Ou ce retour soudain n’est qu’une illusion. (1653-56) - ↑ Var. [Et leur inimitié s’accorde à vous jouer.]
GRIM. Duc, je n’en doute plus ; mais je ne puis comprendre
De quel front l’imposteur en mes mains se vient rendre.
Si sous la ressemblance et le nom de son roi
Il avoit soulevé le peuple contre moi,
Et qu’il eût ménagé si bien ses artifices
Qu’il eût pu par la fuite éviter les supplices,
Qu’il fût en mon pouvoir par un coup de malheur,
Son espoir auroit eu du moins quelque couleur ;
Mais se livrer lui-même et sans rien entreprendre !
Duc, encore une fois, je ne le puis comprendre :
C’est être bien stupide ou bien désespéré,
Que de chercher soi-même un trépas assuré.
GARIB. Édüige, Seigneur, n’a pris soin de l’instruire
Que pour vous dégager, et non pour vous détruire ;
C’est son ambition qui vous veut pour époux,
Et ne vous veut que roi pour régner avec vous.
Il lui suffit qu’il parle, et qu’il vous embarrasse ;
Et quant à lui, Seigneur, il est sûr de sa grâce ;
[Car soit que ses discours puissent vous émouvoir.] (1653-56)