Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/161

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et que la conscience et sans tache et sans plaie
à de pareils trésors seule peut donner lieu.
Toute autre liberté n’est qu’un long esclavage
qui cache ou qui dore ses fers ;
et tout autre plaisir ne laisse en ton courage
qu’un prompt dégoût pour gage
du tourment immortel qui l’attend aux enfers.

Heureux qui peut bannir de toutes ses pensées
les vains amusements de la distraction !
Heureux qui peut tenir ses forces ramassées
dans le recueillement de la componction !
Mais plus heureux encor celui qui se dépouille
de tout indigne et lâche emploi,
qui pour ne rien souffrir qui lui pèse ou le souille,
fuit ce qui le chatouille,
et pour mieux servir Dieu se rend maître de soi !

Combats donc fortement contre l’inquiétude
où te jettent du monde et l’amour et le bruit :
l’habitude se vainc par une autre habitude,
et les hommes jamais ne cherchent qui les fuit.
Néglige leur commerce, et romps l’intelligence
qui te lie encore avec eux,
et bientôt à leur tour, te rendant par vengeance
la même négligence,
ils t’abandonneront à tout ce que tu veux.