Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/165

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Mais nous n’en concevons qu’une légère image,
dont les traits impuissants ne vont point jusqu’au cœur ;
nous aimons ce qui flatte, et consumons notre âge
dans l’assoupissement d’une froide langueur :
aussi le corps se plaint, le corps gémit sans cesse,
accablé sous les moindres croix,
parce que de l’esprit la honteuse mollesse
n’agit qu’avec foiblesse,
et refuse son aide à soutenir leur poids.

Demande donc à Dieu pour faveur singulière
l’esprit fortifiant de la componction ;
avec le roi prophète élève ta prière,
et dis à son exemple avec submission :
" Nourrissez-moi de pleurs, Seigneur, pour témoignage
que vous me voulez consoler.
Détrempez-en mon pain, mêlez-en mon breuvage,
et de tout mon visage
jour et nuit à grands flots faites-les distiller. "