Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/190

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pour ce grand jour, le comble ou la fin des misères,
où chacun, trop chargé de son propre fardeau,
son propre accusateur et son propre bourreau,
répondra par sa bouche, et seul à sa défense,
n’aura point de secours que de sa pénitence.

Cours donc avec chaleur aux emplois vertueux :
maintenant ton travail peut être fructueux,
tes douleurs maintenant peuvent être écoutées,
tes larmes jusqu’au ciel être soudain portées,
tes soupirs de ton juge apaiser la rigueur,
ton repentir lui plaire, et nettoyer ton cœur.

Oh ! que la patience est un grand purgatoire
pour laver de ce cœur la tache la plus noire !
Que l’homme le blanchit, lorsqu’il le dompte au point
de souffrir un outrage et n’en murmurer point !
Lorsqu’il est plus touché du mal que se procure
l’auteur de son affront, que de sa propre injure ;
lorsqu’il élève au ciel ses innocentes mains
pour le même ennemi qui rompt tous ses desseins,
qu’avec sincérité promptement il pardonne,
qu’il demande pardon de même qu’il le donne,
que sa vertu commande à son tempérament,
que sa bonté prévaut sur son ressentiment,