Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/196

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et du mépris des biens les plus légers efforts
seront de plus grand poids que les plus grands trésors.

Tu sentiras ton âme alors plus consolée
d’une oraison dévote à tes soupirs mêlée,
que d’avoir fait parade en de pompeux festins
du choix le plus exquis des viandes et des vins.

Tu te trouveras mieux de voir dans la balance
l’heureuse fermeté d’un rigoureux silence,
que d’y voir l’embarras et les distractions
d’un cœur qui s’abandonne aux conversations ;
d’y voir de bons effets que de belles paroles,
des actes de vertu que des discours frivoles ;
d’y voir la pénitence avec sa dureté,
d’y voir l’étroite vie avec son âpreté,
que la douce mollesse où flotte vagabonde
une âme qui s’endort dans les plaisirs du monde.

Apprends qu’il faut souffrir quelques petits malheurs,
pour t’affranchir alors de ces pleines douleurs :
éprouve ici ta force, et fais sur peu de chose
un foible essai des maux où l’avenir t’expose.
Ils seront éternels, et tu crains d’endurer