Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/201

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qui s’assure de vaincre est aisément vaincu.

Un jour un grand dévot, dont l’âme, encor que sainte,
flottoit dans une longue et triste anxiété,
et tournoit sans repos son instabilité
tantôt vers l’espérance, et tantôt vers la crainte,
accablé sous le poids de cet ennui mortel,
prosterné dans l’église au devant d’un autel,
rouloit cette inquiète et timide pensée :
" Ô Dieu ! si je savois, disoit-il en son cœur,
qu’enfin ma lâcheté, par mes pleurs effacée,
de bien persévérer me laissât la vigueur ! "

Une céleste voix de lui seul entendue
à sa douleur secrète aussitôt répondit,
et par un doux oracle à l’instant lui rendit
le calme qui manquoit à son âme éperdue :
" Eh bien ! que ferois-tu ? Dit cette aimable voix.
Montre la même ardeur que si tu le savois,
et fais dès maintenant ce que tu voudrois faire ;
commence, continue, et ne perds point de temps ;
applique tous tes soins à m’aimer, à me plaire,
et demeure assuré de ce que tu prétends. "

Ainsi Dieu conforta cette âme désolée ;