Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/208

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vois comme chaque nuit ils rompent le sommeil,
et n’attendent jamais le retour du soleil
pour envoyer à Dieu l’encens de ses louanges :
il te seroit honteux d’avoir quelque lenteur,
alors que sur la terre un si grand nombre d’anges
s’unit à ceux du ciel pour bénir leur auteur.

Oh ! si nous pouvions vivre et n’avoir rien à faire
qu’à dissiper en nous cette infâme langueur,
qu’à louer ce grand maître et de bouche et de cœur,
sans que rien de plus bas nous devînt nécessaire !
Oh ! si l’âme chrétienne et ses plus saints transports
n’étoient point asservis aux foiblesses du corps,
aux besoins de dormir, de manger et de boire !
Si rien n’interrompoit un soin continuel
de publier de Dieu les bontés et la gloire,
et d’avancer l’esprit dans le spirituel !

Que nous serions heureux ! Qu’un an, un jour, une heure,
nous feroit bien goûter plus de félicité
que les siècles entiers de la captivité
où nous réduit la chair dans sa triste demeure !
Ô Dieu, pourquoi faut-il que ces infirmités,
ces journaliers tributs, soient des nécessités
pour tes vivants portraits qu’illumine ta flamme ?
Pourquoi pour subsister sur ce lourd élément