Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/233

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de sa pleine bonté rien ne parle à demi,
et du vaste éléphant la masse épouvantable
ne l’étale pas mieux que la moindre fourmi.

Purge l’intérieur, rends-le bon et sans tache,
tu verras tout sans trouble et sans empêchement,
et tu sauras comprendre, et tôt et fortement,
ce que des passions le voile épais te cache.
Au cœur bien net et pur l’âme prête des yeux
qui pénètrent l’enfer et percent jusqu’aux cieux :
il voit tout comme il est, et jamais ne s’abuse ;
mais le cœur mal purgé n’a que les yeux du corps :
toute sa connoissance ainsi qu’eux est confuse ;
et tel qu’il est dedans, tel il juge au dehors.

Certes, s’il est ici quelque solide joie,
c’est ce cœur épuré qui seul la peut goûter ;
et s’il est quelque angoisse au monde à redouter,
c’est dans un cœur impur qu’elle entre et se déploie.
Dépouille donc le tien de ce qui l’a souillé,
et vois comme le fer par le feu dérouillé
prend une couleur vive au milieu de la flamme :
d’un plein retour vers Dieu c’est là le vrai tableau ;
son feu sait dissiper les pesanteurs de l’âme,
et faire du vieil homme un homme tout nouveau.