Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/235

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L’homme aveugle au dedans rarement se défie
de cet aveuglement fatal,
et quelque mal qu’il fasse, il ne s’en justifie
qu’en s’excusant encor plus mal.

Souvent tout ébloui d’une vaine étincelle
qui brille en sa dévotion,
il impute à l’ardeur d’un véritable zèle
les chaleurs de sa passion.

Comme partout ailleurs il porte une lumière
qui chez lui n’éclaire pas bien,
il voit en l’œil d’autrui la paille et la poussière,
et ne voit pas la poutre au sien.

Ce qu’il souffre d’un autre est une peine extrême :
il en fait bien sonner l’ennui,
et ne s’aperçoit pas combien cet autre même
à toute heure souffre de lui.

Le vrai dévot sait prendre une juste balance
pour mieux peser tout ce qu’il fait,
et consumant sur soi toute sa vigilance,
il croit chacun moins imparfait.

Il se voit le premier, et met ce qu’il doit faire