Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/286

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dont tu t’oses promettre un plus heureux destin ?
Crois-tu monter au ciel par un autre chemin ?
Crois-tu vaincre ici-bas sous une autre bannière ?
Jésus-Christ, en vivant, n’a fait que soupirer,
il n’a fait que gémir, il n’a fait qu’endurer ;
les plus beaux jours pour lui n’ont été que supplices ;
et tu ne veux pour toi que pompe et que plaisirs,
qu’une oisiveté vague où flottent les délices,
qu’une pleine licence où nagent tes desirs !

Tu t’abuses, pécheur, si ton âme charmée
cherche autre chose ici que tribulations :
elle n’y peut trouver que des afflictions,
que des croix, dont la vie est toute parsemée.
Souvent même, souvent nous voyons arriver
que plus l’homme en esprit apprend à s’élever,
et plus de son exil les croix lui sont pesantes :
tel est d’un saint amour le digne empressement,
que plus dans notre cœur ses flammes sont puissantes,
plus il nous fait sentir notre bannissement.

Ce cœur ainsi sensible et touché de la sorte
n’est pas pourtant sans joie au milieu des douleurs,
et le fruit qu’il reçoit de ses propres malheurs