Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/296

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se ferment au tumulte et du monde et des sens !
Oui, je dirai cent fois ces oreilles heureuses
qui de la voix de Dieu saintement amoureuses,
méprisent ces faux tons qui font bruit au dehors,
pour entendre au dedans la vérité parlante,
de qui la parole instruisante
n’a pour se faire ouïr que de muets accords.

Heureux aussi les yeux que les objets sensibles
ne peuvent éblouir ni surprendre un moment !
Heureux ces mêmes yeux que les dons invisibles
tiennent sur leurs trésors fixés incessamment !
Heureux encor l’esprit que de saints exercices
préparent chaque jour par la fuite des vices
aux secrets que découvre un si doux entretien !
Heureux tout l’homme enfin que ces petits miracles
purgent si bien de tous obstacles,
qu’il n’écoute, hors Dieu, ne voit, ne cherche rien !

Prends-y garde, mon âme, et ferme bien la porte
aux plaisirs que tes sens refusent de bannir,
pour te mettre en état d’entendre en quelque sorte
ce dont ton bien-aimé te veut entretenir.
" Je suis, te dira-t-il, ton salut et ta vie :
si tu peux avec moi demeurer bien unie,