Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/306

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le cœur est sans desirs, l’œil n’y voit point d’appas,
l’esprit est lent et morne, et le pied le plus ferme
se lasse au premier pas.

Rougis donc, paresseux, dont l’humeur délicate
trouve un bonheur si grand à trop haut prix pour toi ;
rougis d’oser t’en plaindre, et d’avoir de l’effroi
d’un travail qui te mène où tant de gloire éclate :
vois combien de mondains se font bien plus d’effort
pour tomber aux malheurs d’une éternelle mort,
que toi pour t’assurer une vie éternelle ;
et voyant leur ardeur après la vanité,
rougis d’être de glace alors que je t’appelle
à voir ma vérité.

Encor ces malheureux, malgré toute leur peine,
demeurent quelquefois frustrés de leur espoir :
mes promesses jamais ne surent décevoir,
la confiance en moi ne se vit jamais vaine.
Tout l’espoir que j’ai fait, je saurai le remplir ;
et tout ce que j’ai dit, je saurai l’accomplir,
sans rien donner pourtant qu’à la persévérance :
je suis de tous les bons le rémunérateur ;