Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/342

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CHAPITRE VIII.

du peu d’estime de soi-même en la présence de Dieu.


Seigneur, t’oserai-je parler,
moi qui ne suis que cendre et que poussière,
qu’un vil extrait d’une impure matière,
qu’au seul néant on a droit d’égaler ?

Si je me prise davantage,
je t’oblige à t’en ressentir,
je vois tous mes péchés soudain me démentir,
et contre moi porter un témoignage
où je n’ai rien à repartir.

Mais si je m’abaisse et m’obstine
à me réduire au néant dont je viens,
si toute estime propre en moi se déracine,
et qu’en dépit de tous ses entretiens
je rentre en cette poudre où fut mon origine,
ta grâce avec pleine vigueur
est soudain propice à mon âme,
et les rayons de ta céleste flamme
descendent au fond de mon cœur.