Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/344

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me fassent recevoir tes doux embrassements !

Ton amour fait tous ces miracles :
c’est lui qui me prévient sans l’avoir mérité ;
c’est lui qui brise les obstacles
qui naissent des besoins de mon infirmité ;
c’est lui qui soutient ma foiblesse,
et quelque péril qui me presse,
c’est lui qui m’en préserve et le sait détourner ;
c’est lui qui m’affranchit, c’est lui qui me retire
de tant de malheurs, qu’on peut dire
que leur nombre sans lui ne se pourroit borner.

Ces malheurs, ces périls, ces besoins, ces foiblesses,
c’est ce que l’amour-propre en nos cœurs a semé,
c’est ce qu’on a pour fruit de ses molles tendresses,
et je me suis perdu quand je me suis aimé ;
mais quand détaché de moi-même,
je t’aime purement et ne cherche que toi,
je trouve ce que j’aime en un si digne emploi,
je me retrouve encor, Seigneur, en ce que j’aime ;
et ce feu tout divin, plus il sait pénétrer,
plus dans mon vrai néant il m’apprend à rentrer.

Ton amour à t’aimer ainsi me sollicite,
et me rappelle à mon devoir