Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/441

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par où tu te sois quelque chose :
l’amour-propre est pour l’âme un dangereux poison,
et les autres malheurs où son exil l’expose,
quelle qu’en puisse être la cause,
n’entrent point en comparaison.

Selon l’empressement, l’affection, les soins,
chaque chose à ton cœur s’attache plus ou moins,
ils en sont l’unique mesure :
si ton amour est pur, simple et bien ordonné,
tu pourras hautement braver la créature,
sans craindre en toute la nature
que rien te retienne enchaîné.

Ne desire donc point, fuis même à regarder
tout ce que sans péché tu ne peux posséder,
tout ce qui brouille ton courage :
bannis tout ce qui peut offusquer sa clarté
sous l’obscure épaisseur d’un indigne nuage,
et changer en triste esclavage
l’intérieure liberté.

Chose étrange, mon fils, parmi tant d’embarras,
que du fond de ton cœur tu ne te ranges pas
sous ma providence ineffable,