Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/489

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Tu quitteras l’égypte en véritable hébreu,
qu’à travers les déserts la colonne de feu
guide, sans s’égarer, vers la terre promise ;
et de tous ennemis tes exploits triomphants
passeront, en dépit de toute leur surprise,
au partage que Dieu destine à ses enfants.

Mais ces enfants de Dieu, sais-tu bien ce qu’ils sont ?
Pour être de leur rang, sais-tu ce qu’il faut être ?
Sais-tu quelle est leur vie, et quels projets ils font ?
à quelle digne marque il te les faut connoître ?
De tout ce qui du siècle attire l’amitié
ces esprits épurés se font un marchepied,
pour voir d’autant plus près l’éclat des biens célestes ;
et leur constance est telle à conduire leurs yeux,
que quoi qui se présente à leurs regards modestes,
le gauche est pour la terre, et le droit pour les cieux.

Bien loin que des objets le dangereux attrait
jusqu’à l’attachement abaisse leur courage,
ils savent ramener par un contraire effet
leur plus flatteuse amorce au bon et saint usage :
en vain un vieil abus en grossit le pouvoir ;
ils savent les réduire au sincère devoir
que l’auteur souverain leur a voulu prescrire ;
et comme en faisant tout il n’a rien négligé,
ils savent rejeter sous un si juste empire
tout ce qu’un long désordre en auroit dégagé.