Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/503

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En moi seul doit être établie
cette sincère affection,
qui n’ayant pour objet que la perfection,
par aucun changement ne peut être affoiblie.
Tous ceux que leur bonté donne lieu d’estimer,
et chez qui tu vois s’enflammer
et l’amour des vertus et la haine des vices,
je veux bien que tu les chérisses,
mais ce n’est qu’en moi seul que tu les dois aimer.

L’amitié la plus assurée
tient de moi toute sa valeur :
tu n’en peux voir sans moi qu’une fausse couleur,
qui n’est ni d’aucun prix ni d’aucune durée.
Son ardeur n’a jamais aucuns louables feux,
que soumis à ce que je veux ;
et tu ne saurois voir dans toute la nature
d’union bien solide et pure,
si de ma propre main je n’en ai fait les nœuds.

Ces vrais amis que je te donne,
ces unions que je te fais,
doivent me résigner si bien tous tes souhaits,
que tu sois mort à tout sitôt que je l’ordonne.
Je veux avoir ton cœur tout entier en ma main,
par un détachement si plein,
qu’autant qu’il est en toi ta sainte inquiétude
aspire à cette solitude
qui te doit retrancher de tout commerce humain.