Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/518

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et que tel en décide avec un plein empire,
qui souvent ne sait rien.

Je ne l’ai que trop vu, Seigneur, pour mon dommage ;
et puissé-je en former quelques saintes terreurs
qui ne me laissent pas égarer davantage
dans mes folles erreurs !

Par une impertinente et fausse confidence,
quelqu’un me dit un jour : " Écoute, sois discret,
et conserve en ton cœur sous un profond silence
le fruit de mon secret. "

À peine je promets de cacher le mystère,
qu’il trouve de sa part le silence fâcheux,
me quitte, va conter ce qu’il m’oblige à taire,
et nous trahit tous deux.

Préserve-moi, Seigneur, de ces gens tous de langues,
de ces illusions d’un esprit inconstant,
garde partout le mien de leurs folles harangues,
et moi d’en faire autant.

Daigne mettre en ma bouche une parole vraie,
qui soit pleine de force et de stabilité ;