Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/523

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quand même la malice en sa plus noire école
forgeroit tous leurs dards pour te les décocher :
qu’à son choix contre toi le mensonge travaille,
laisse-le s’épuiser, prise moins qu’une paille
toute l’indignité dont il te veut couvrir :
que te peut nuire enfin une telle tempête ?
Est-il un cheveu sur ta tête
dont elle puisse t’appauvrir ?

Ceux qui vers le dehors poussant toute leur âme,
n’ont ni d’yeux au dedans, ni Dieu devant les yeux,
sensibles jusqu’au fond aux atteintes du blâme,
frémissent à toute heure, et tremblent en tous lieux ;
mais ceux dont la sincère et forte patience
porte jusqu’en moi seul toute sa confiance,
et ne s’arrête point au propre sentiment,
ceux-là craignent si peu ces discours de la terre,
que jamais leur plus rude guerre
ne les fait pâlir un moment.

Tu dis qu’il est fâcheux de voir la calomnie
de la vérité même emprunter les couleurs,
que la plus juste gloire en demeure ternie,
et peut des plus constants tirer quelques douleurs ;