Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/525

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l’âme bien éclairée admire
leur inconcevable équité.

Il faut donc me remettre à juger chaque chose,
et sur le propre sens jamais ne s’appuyer :
c’est ainsi que le juste, à quoi que je l’expose,
ne sent rien qui le trouble ou le puisse ennuyer.
Quoique la calomnie élève à sa ruine
de ses noirs attentats la plus forte machine,
il en attend le coup sans aucun tremblement ;
et si quelqu’un l’excuse, et prenant sa défense
fait triompher son innocence,
sa joie est sans emportement.

Il prend peu de souci de la honte et du blâme ;
il sait que j’en connois les injustes efforts,
que je sonde le cœur, que je vois toute l’âme,
et ne m’éblouis point des plus brillants dehors :
il me voit au-dessus de la fausse apparence,
et reconnoît par là quelle est la différence
du jugement de l’homme et de mon jugement,
et que souvent mes yeux regardent comme un crime
ce que trouve digne d’estime
son aveugle discernement.