Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/538

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de ses prospérités je fais mon allégresse,
et ses coups de revers excitent ma tristesse.

Si les plaisirs des sens saisissent mon amour,
ce qui peut les flatter m’occupe nuit et jour ;
si j’aime de l’esprit la parfaite science,
je fais mon entretien de tout ce qui l’avance :
enfin tout ce que j’aime et tout ce qui me plaît
me tient comme enchaîné par un doux intérêt,
j’en parle avec plaisir, avec plaisir j’écoute
tout ce qui peut m’instruire à marcher dans sa route,
et j’emporte chez moi l’image avec plaisir
de tout ce qui chatouille et pique mon desir.

Qu’heureux est donc, ô Dieu, celui dont l’âme pure
bannit, pour t’aimer seul, toute la créature,
qui se fait violence, et n’osant s’accorder
rien de ce que lui-même aime à se demander,
de la chair et des sens tellement se défie,
qu’à force de ferveur l’esprit les crucifie !
C’est ainsi qu’en son cœur rétablissant la paix,
sur le mépris du monde élevant ses souhaits,
il t’offre une oraison, il t’offre des louanges