Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/541

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attiédit la chaleur des bons élancements
sous les tentations que la chair leur suggère ;
et ces vœux qu’à toute heure ils m’offrent en tribut
ne sont pas tous conçus purement pour me plaire,
n’ont pas tous mon honneur pour leur unique but.

Les tiens mêmes, les tiens, dont l’importunité
avec tant de chaleur souvent me sollicite,
et presse les effets de ma bénignité
par le sincère aveu de ton peu de mérite :
tes vœux, dis-je, souvent, sans s’en apercevoir,
couvrant ton intérêt de cet humble devoir,
cherchent ta propre joie, aussi bien que ma gloire,
et ce peu qui s’y joint de propre affection
leur imprime aussitôt une tache assez noire
pour les tenir bien loin de la perfection.

Demande donc, mon fils, demande fortement,
non ce qui t’est commode et te doit satisfaire,
mais un succès pour moi, mais un événement
qui me soit glorieux et digne de me plaire.
Si d’un esprit bien sain tu sais régler tes vœux,
tu sauras les soumettre à tout ce que je veux,
sans rien considérer de ce que tu desires,
et préférer si bien mon ordre à ton desir,
que tu ne parles plus, ni penses, ni respires,