Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/570

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l’une dans l’autre confondues,
ont des traits si pareils et si peu divisés,
que les plus grands dévots, après s’être épuisés
en des recherches assidues,
à peine, quelque soin qu’ils s’en puissent donner,
ont des yeux assez vifs pour les bien discerner.

Chacun se porte au bien, et le desir avide
jamais n’embrasse d’autre objet ;
mais il en est de faux ainsi que de solide ;
et comme l’apparence attire le projet,
la fausse avec tant d’art quelquefois y préside,
que l’un passe pour l’autre, et les yeux les meilleurs
se trompent aux mêmes couleurs.

C’est ainsi que souvent à force d’artifices
la nature enchaîne et déçoit,
se considère seule aux vœux qu’elle conçoit,
et se prend pour seul but en toutes ses délices ;
mais la grâce chemine avec simplicité,
ne peut souffrir du mal l’ombre ni l’apparence,
ne tend jamais de piége à la crédulité,
voit toujours Dieu par préférence,
ne fait rien que pour lui, le prend pour seule fin,
et met tout son repos en cet être divin.

S’il faut mourir en soi, se vaincre, se soumettre,