Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/574

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et sa brûlante soif d’avoir
la rend plus prompte à recevoir
qu’à faire part de ce qu’elle a de rare ;
tout ce qu’elle possède émeut le propre amour,
et la possédant à son tour,
à l’usage privé par cet amour s’applique :
la grâce est libérale, et contente de peu,
ne veut point de trésors qu’elle ne communique,
et du propre intérêt fait un tel désaveu,
qu’elle trouve à donner plus de béatitude
qu’à recevoir d’autrui la juste gratitude.

Emprunte, emprunte mes clartés
pour voir où penche la nature,
comme elle incline aux vanités,
à la chair, à la créature,
comme elle se plaît à courir
et pour voir et pour discourir,
cependant que vers Dieu la grâce attire une âme,
et que sur le vice abattu
elle aplanit aux cœurs qu’un saint desir enflamme
l’heureux sentier de la vertu.

Elle fait bien plus, cette grâce,
elle renonce au monde, et son feu généreux
devient une invincible glace