Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/583

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n’est qu’un triste amas de foiblesses,
qui n’ayant pour objet que d’infâmes bassesses,
ne fait que l’abîmer dans son déréglement.

Malgré tout ce désordre et sa morne langueur,
il lui demeure encor quelque peu de vigueur,
mais qui ne la sauroit défendre :
ce n’est du premier feu qu’un rayon égaré,
une pointe mourante, un trait défiguré,
une étincelle sous la cendre ;
c’est enfin cette foible et tremblante raison,
qu’enveloppe un épais nuage,
qui mêle tant de trouble à son plus clair usage,
que souvent son remède est un nouveau poison.

Elle peut discerner aux dehors inégaux
le bien d’avec le mal, le vrai d’avec le faux,
ce qu’elle doit aimer ou craindre ;
elle a, pour en juger, quelquefois de bons yeux ;
mais pour mettre en effet ce qu’elle a vu le mieux,
ses forces n’y sauroient atteindre,
et ne la font jouir ni des pleines clartés
que la vérité pure inspire,
ni d’un ordre bien sain dans ce qu’elle desire,