Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/599

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’inégal dehors de mes justes décrets ;
ne cherche point à voir quelle raison pressante
fait que ma grâce agit ou paroît impuissante,
est avare ou prodigue, abandonne ou soutient ;
n’examine jamais d’où ce partage vient,
ni pourquoi l’un ainsi languit dans la misère,
et que l’autre est si haut au-dessus du vulgaire :
il n’est raisonnement, il n’est effort humain
qui puisse pénétrer mon ordre souverain,
ni s’éclaircir au vrai par la longue dispute
d’où vient que je caresse ou que je persécute.

Quand le vieil ennemi fait ces suggestions,
qu’un esprit curieux émeut ces questions,
au lieu de perdre temps à leur vouloir répondre,
lève les yeux au ciel, et dis pour les confondre :
" Seigneur, vous êtes juste en tous vos jugements,
la vérité préside à vos discernements,
et l’équité qui règne en vos ordres suprêmes
les rend toujours en eux justifiés d’eux-mêmes :
qu’il leur plaise abaisser, qu’il leur plaise agrandir,
on doit trembler sous eux, sans les approfondir,
et jamais sans folie on ne peut l’entreprendre,
puisque l’esprit humain ne les sauroit comprendre. "