Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/618

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vous dont un poids trop lourd étouffe la vigueur,
venez tous, nous dis-tu, je vous rendrai du cœur,
je vous affranchirai de toute lassitude. "
Ô termes pleins d’amour ! ô mots doux et charmants !
Qu’ils ont pour le pécheur de hauts ravissements,
quand tu l’appelles à ta table !
Un pauvre, un mendiant, s’en voir par toi pressés !
S’y voir par toi repus de ton corps adorable !
Mais enfin tu l’as dit, Seigneur, et c’est assez.

Que suis-je, ô mon Sauveur, pour oser y prétendre ?
Qui me peut enhardir à m’approcher de toi ?
Et qui te fait nous dire : " Accourez tous à moi, "
toi que ne peut le ciel contenir ni comprendre ?
D’où te vient cet amour qui m’y daigne inviter,
moi dont les actions ne font que t’irriter,
moi qui ne suis qu’ordure et glace ?
L’ange ne peut te voir sans en frémir d’effroi,
les justes et les saints tremblent devant ta face,
et tu dis aux pécheurs : " Accourez tous à moi. "