Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/629

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Je cherche en altéré la fontaine de vie ;
je cherche en affamé le pain vivifiant ;
et c’est sur cet espoir que mon âme ravie
au monarque du ciel présente un mendiant.

Aux faveurs de son maître ainsi l’esclave espère,
ainsi la créature aux dons du créateur ;
ainsi le désolé cherche dans sa misère
un doux refuge au sein de son consolateur.

Qui peut m’avoir rendu ta bonté si propice,
que jusqu’à moi, Seigneur, il te plaise venir ?
Et qui suis-je après tout, que ton corps me nourrisse,
qu’au mien en ce banquet tu le daignes unir ?

De quel front un pécheur devant toi comparoître ?
De quel front jusqu’à toi s’ose-t-il avancer ?
Comment le souffres-tu, toi, son juge et son maître ?
Et comment jusqu’à lui daignes-tu t’abaisser ?

Ce n’est point avec toi qu’il faut que je raisonne :
tu connois ma foiblesse et mon peu de ferveur,
et tu sais que de moi je n’ai rien qui me donne
aucun droit de prétendre une telle faveur.

Plus je contemple aussi l’excès de ma bassesse,