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DES TROIS UNITÉS 107

ordinaire. Sénèque lui en donne une par ce vers, que Médée dit à sa nourrice :

Tum quoque ipsa corpus hinc mecum aveham^ ;

et moi, par celui-ci qu'elle dit à Egée :

Je vous suivrai demain par un chemin nouveau 2.

Ainsi la condamnation d'Euripide, qui ne s'y est servi d'aucune précaution, peut être juste, et ne retomber ni sur Sénèque, ni sur moi ; et je n'ai point besoin de con- tredire Aristote pour me justifier sur cet article.

De l'action je passe aux actes, qui en doivent contenir chacun une portion, mais non pas si égale qu'on n'en réserve plus pour le dernier que pour les autres, et qu'on n'en puisse moins donner aux premiers qu'aux autres. On peut même ne faire autre chose dans ce premier que'^ peindre les mœurs des personnages, et marquer à quel point ils en sont de l'histoire qu'on va représenter ^. Aristote n'en prescrit point le nombre ; Horace le borne à cinq ; et bien qu'il défende d'y en mettre moins ^ les Espagnols s'opiniàtrent à l'arrêter à trois, et les Italiens font souvent la même chose. Les Grecs les distinguoient par le chant du chœur, et comme je trouve lieu de croire qu'en quelques-uns de leurs poëmes ils le faisoient chan- ter plus de quatre fois, je ne A'oudrois pas répondre qu'ils ne les poussassent jamais au delà de cinq. Cette

1. Vers974- — 2. Vers 1279.

3. Vak. (édit. de 1660-166/i) : On peut même n'y faire autre chose que, etc.

4- Var. (édit. de 1660 et de i663) : Qu'on va représenter et qui a quelquefois commencé longtemps auparavant. 5. Neve minor, neu sit quinto productior actu

Fabula

(Horace, Art poétique, v. 189, 190.)

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