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DES TROIS UNITÉS. 109

tefois s'y montrer qu'il ne vienne de derrière la tapisse- rie, et il n'est pas toujours aisé de rendre raison de ce qu'il vient de faire en ville avant que de rentrer chez lui, puisque même quelquefois il est vraisemblable qu'il n'en est pas sorti. Je n'ai vu personne se scandaliser de voir Emilie commencer Cinna sans dire pourquoi elle vient dans sa chambre : elle est présumée y être avant que la pièce commence, et ce n'est que la nécessité de la repré- sentation qui la fait sortir de derrière le théâtre pour y venir. Ainsi je dispenserois volontiers de cette rigueur toutes les premières scènes de chaque acte, mais non pas les autres, parce qu'un acteur occupant une fois le théâtre, aucun n'y doit entrer qui n'aye sujet de parler à lui, ou du moins qui n'ait' lieu de prendre l'occasion quand elle s'offre. Surtout lorsqu'un acteur entre deux fois dans un acte, soit dans la comédie, soit dans la tra- gédie, il doit absolument ou faire juger qu'il reviendra bientôt quand il sort la première fois, comme Horace dans le second acte- et Julie dans le troisième de la même pièce, ou donner raison en rentrant pourquoi il revient sitôt.

Aristote veut que la tragédie bien faite soit belle et ca- pable de plaire sans le secours des comédiens, et hors delà représentation*. Pour faciliter ce plaisir au lecteur, il ne faut pas plus gêner son esprit que celui du specta- teur, parce que l'effort qu'il est obligé de se faire pour la concevoir et se la représenter * lui-même dans son esprit

1. Ici, contre l'usage le plus ordinaire de Corneille, on lit ail, au lieu de la forme aye, qui est à la ligne précédente. Le mot est im- primé de même, avec cette double orthographe aye et ail, dans les éditions de 1660-1668.

2. Var. (édit. de 1660) : le deuxième acte.

3. Voyez le chapitre xxvi de la Poétique.

l\. Vak. (édit. de 1 660-1 664) : et la représenter

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