Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/239

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DES TROIS UNITES. m

vons avertir que par là de ce qu'ils ont à faire, et qui feroient d'étranges contre-temps, si nous ne leur aidions par ces notes. Ils se trouveroient bien embarrassés au cinquième acte des pièces qui finissent heureusement, et 011 nous rassemblons tous les acteurs sur notre théâtre ; ce que ne faisoient pas les anciens ; ils diroient souvent à l'un ce qui s'adresse à l'autre, principalement quand il faut que le même acteur parle à trois ou quatre l'un après l'autre. Quand il y a quelque commandement à faire à l'oreille, comme celui de Gléopatre à Laonice pour lui aller quérir du poison', il faudroit un a parte pour l'ex- primer en vers, si l'on se vouloit passer de ces avis en marge; et l'un me semble beaucoup plus insupportable que les autres, qui nous donnent le vrai et unique moyen de faire, suivant le sentiment d'Aristote, que la tragédie soit aussi belle à la lecture qu'à la représentation, en rendant facile à l'imagination du lecteur tout ce que le théâtre présente à la vue des spectateurs.

La règle de l'unité de jour a son fondement sur ce mot d'Aristote, que la tragédie doit renfermer la durée de son action dans un tour du soleil, ou tâcher de ne le passer pas de beaucoup'. Ces paroles donnent lieu à cette dispute fameuse, si elles doivent être entendues d'un jour naturel de vingt-quatre heures, ou d'vm jour artifi- ciel de douze : ce sont deux opinions dont chacune a des partisans considérables ; et pour moi, je trouve qu'il y a des sujets si malaisés à renfermer en si peu de temps, que non-seulement je leur accorderois les vingt-quatre heures entières, mais je me servirois même de la licence que donne ce philosophe de les excéder un peu, et les

��I. Voyez la scène m du V" acte de Rodocjune.

3. 'H [i.£v yàp OT'. [jiàÀ'.aTa -stpàTai br.o pLiav Trspi'ooov fjXtou eiva; Jj [jL'.zpov È^aXXatieiv. (Aristote, Poétique, cliap. v, [\.)

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