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DES TROIS UNITÉS. lai

posés ne peuvent pas vraisemblablement expliquer leurs secrets en même place, et qu'ils sont quelquefois intro- duits dans le même acte avec liaison de scènes qui em- porte nécessairement cette unité, il faut trouver un moyen qui la rende compatible avec cette contradiction qu'y forme la vraisemblance rigoureuse, et voir comment pourra subsister le quatrième acte de Rodogune, et le troi- sième d^Héracliiis, où j'ai déjà marqué cette répugnance du côté des deux personnes ennemies qui parlent en l'un et en l'autre. Les* jurisconsultes admettent des fictions de droit; et je voudrois, à leur exemple, introduire des fic- tions de théâtre, pour établir un lieu théâtral qui ne se- roit ni l'appartement de Cléopatre, ni celui de Rodogune dans la pièce qui porte ce titre, ni celui de Phocas, de Léontine, ou de Pulchérie, dans Héraclius ; mais une salle sur laquelle ouvrent ces divers appartements, à qui j'attribuerois deux privilèges : l'un, que chacun de ceux qui y parleroient fût présumé y parler avec le même se- cret que s'il étoit dans sa chambre ; l'autre, qu'au lieu que dans l'ordre commun il est quelquefois de la bienséance que ceux qui occupent le théâtre aillent trouver ceux qui sont dans leur cabinet pour parlera eux, ceux-ci pussent les venir trouver sur le théâtre, sans choquer cette bien- séance, afin de conserver l'unité de lieu et la liaison des scènes. Ainsi Rodogune dans le premier acte vient trouver Laonice, qu'elle devroit mander pour parler à elle ; et dans le quatrième Cléopatre vient trouver Antio- chus au même lieu où il vient de fléchir Rodogune, bien que, dans l'exacte vraisemblance, ce prince devroit aller chercher sa mère dans son cabinet, puisqu'elle hait trop celte princesse pour venir parler à lui dans son apparte- ment, où la première scène fixeroit le reste de cet acte,

I. Var. (édit. de 1660 et de i663) : nos.

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