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NOTICE. i3i

Cette nouvelle troupe est, suivant Félibien et les frères Par- fait, celle de Mondory, qui vient se fixer au théâtre du Marais, d'où une première troupe, établie en 1620, d'après le témoi- gnage de Chapuzeau, avait été forcée de se retirer, en sorte qu'avant les représentations de Mélite il n'y avait plus à Paris d'autre théâtre que celui de l'hôtel de Bourgogne.

Devenu directeur du théâtre du Marais, Mondory conserva l'habitude de ses voyages en Normandie. « Cette troupe, dit Chapuzeau, alloit quelquefois passer l'été à Rouen, étant bien aise de donner cette satisfaction à une des premières villes du royaume. De retour à Paris de cette petite course dans le voisi- nage, à la première affiche le monde y couroit et elle se voyoit visitée comme de coutume. »

On trouve une anecdote assez curieuse, relative à Mélite, dans une courte notice nécrologique sur Corneille publiée par le Mercure galant * :

« L'heureux talent qu'il avoit pour la poésie parut avec beaucoup d'avantage dès la première pièce qu'il donna sous le titre de Mélite. La nouveauté de ses incidents, qui commen- cèrent à tirer la comédie de ce sérieux obscur où elle étoit enfoncée, y fit courir tout Paris, et Hardy, qui étoit alors l'auteur fameux du théâtre, et associé pour une part avec les comédiens, à qui il devoit fournir six tragédies tous les ans, surpris des nombreuses assemblées que cette pièce attiroit, disoit chaque fois qu'elle étoit jouée : « Voilà une jolie baga- « telle. » C'est ainsi qu'il appeloit ce comique aisé qui avoit si peu de rapport avec la rudesse de ses vers. »

Ainsi raconté, le mot de Hardy paraît très-vraisemblable, mais au siècle dernier il ne fut pas trouvé assez piquant, et l'on fit dire au vieil auteur : « Mélite, bonne farce. » C'est là bien évidemment de l'exagération. Même aux yeux de Hardy, Mélite ne pouvait passer pour une farce ; il y devait trouver au contraire quelque chose d'un peu trop délicat, d'un peu trop mesuré : c'est ce que le jugement que lui prête le Mer- cure exprime avec disciélion, mais de la façon la plus claire.

Notre poète vint à Paris pour assister à la première repré- sentation de son ouvrage. Il avait dès lors une noble confiance

I. Octobre i684.

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