Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/332

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SCÈNE VI.


PHILANDRE, CLORIS.



CLORIS.


Quoi, tu passes, Philandre, et sans me regarder ?


PHILANDRE.


Pardonne-moi, de grâce : une affaire importune
M’empêche de jouir de ma bonne fortune,
Et son empressement, qui porte ailleurs mes pas,
Me remplissoit l’esprit jusqu’à ne te voir pas.


CLORIS.


J’ai donc souvent le don d’aimer plus qu’on ne m’aime :
Je ne pense qu’à toi, j’en parlois en moi-même.


PHILANDRE.


Me veux-tu quelque chose ?


CLORIS.


Me veux-tu quelque chose ?_Il t’ennuie avec moi ;
Mais comme de tes feux j’ai pour garant ta foi,
Je ne m’alarme point. N’étoit ce qui le presse,
Ta flamme un peu plus loin eût porté la tendresse,
Et je t’aurois fait voir quelques vers de Tircis
Pour le charmant objet de ses nouveaux soucis.
Je viens de les surprendre, et j’y pourrois encore 241
Joindre quelques billets de l’objet qu’il adore ;
Mais tu n’as pas le temps. Toutefois, si tu veux 242
Perdre un domi-quart d’heure à les lire nous deux…


PHILANDRE.


Voyons donc ce que c’est, sans plus longue demeure ;
Ma curiosité pour ce demi-quart d’heure
S’osera dispenser.


241. Var. Je les viens de surprendre, et j’y pourrois encore. (1660)

242. Var. Mais tu n’as pas loisir. Toutefois si tu veux. (1660-64)