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Que Cloris sans amant ne sait à qui s’en prendre ;
Mais la faute n’en est qu’au crédule Philandre ;
Lui seul en est la cause, et son esprit léger,
Qui trop facilement résolut de changer ;
Car ces lettres, qu’il croit l’effet de ses mérites 309,
La main que vous voyez les a toutes écrites.


PHILANDRE.


Je te laisse impuni, traître : de tels remords 310
Te donnent des tourments pires que mille morts ;
Je t’obligerois trop de t’arracher la vie,
Et ma juste vengeance est bien mieux assouvie
Par les folles horreurs de cette illusion.
Ah ! grands Dieux, que je suis plein de confusion !


SCÈNE IX.


ÉRASTE.


Tu t’enfuis donc, barbare, et me laissant en proie
À ces cruelles sœurs, tu les combles de joie ?
Non, non, retirez-vous, Tisiphone, Alecton,
Et tout ce que je vois d’officiers de Pluton :
Vous me connoissez mal ; dans le corps d’un perfide
Je porte le courage et les forces d’Alcide.
Je vais tout renverser dans ces royaumes noirs,
Et saccager moi seul ces ténébreux manoirs.
Une seconde fois le triple chien Cerbère
Vomira l’aconit en voyant la lumière ;
J’irai du fond d’enfer dégager les Titans,


309. Var. Car des lettres qu’il a de la part de Mélite,
Autre que cette main n’en a pas une écrite. (1633-57)

310. Var. Je te laisse impuni, perfide, tes remords. (1633)
Var. Je te laisse impuni, traître, car tes remords. (1644-57)
Var. Je te laisse impuni, de si cuisants remords. (1660)