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ÉRASTE.


Ne peut, si tu n’y viens, rendre mon sort plus doux,
Et ma foible raison, de guide dépourvue.
Va de nouveau se perdre en te perdant de vue.


LA NOURRICE.


Si je vous suis utile, allons, je ne veux pas
Pour un si bon sujet vous épargner mes pas.


SCÈNE III.


CLORIS, PHILANDRE.



CLORIS.


Ne m’importune plus, Philandre, je t’en prie ;
Me rapaiser jamais passe ton industrie.
Ton meilleur, je t’assure, est de n’y plus penser ;
Tes protestations ne font que m’offenser :
Savante à mes dépens de leur peu de durée,
Je ne veux point en gage une foi parjurée,
Un cœur que d’autres yeux peuvent sitôt brûler 338,
Qu’un billet supposé peut sitôt ébranler.


PHILANDRE.


Ah ! ne remettez plus dedans votre mémoire
L’indigne souvenir d’une action si noire.
Et pour rendre à jamais nos premiers vœux contents,
Étouffez l’ennemi du pardon que j’attends.
Mon crime est sans égal ; mais enfin, ma chère âme 339


CLORIS.


Laisse là désormais ces petits mots de flamme,
Et par ces faux témoins d’un feu mal allumé
Ne me reproche plus que je t’ai trop aimé.


338. Var. Je ne veux point d’un cœur qu’un billet aposté
Peut résoudre aussitôt à la déloyauté. (1633)

339. Var. Ma maîtresse, mon heur, mon souci, ma chère âme. (1633-57)