Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/428

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Bien que leur conducteur donne assez à connaître

Qu’ils vont pour arrêter l’ennemi de son maître,

J’échappe néanmoins en ce pas hasardeux

D’aussi près de la mort que je me voyais d’eux.

Que j’aime ce péril, dont la vaine menace

Promettait un orage, et se tourne en bonace,

Ce péril qui ne veut que me faire trembler,

Ou plutôt qui se montre, et n’ose m’accabler !

Qu’à bonne heure défait d’un masque et d’une épée,

J’ai leur crédulité sous ces habits trompée !

De sorte qu’à présent deux corps désanimés

Termineront l’exploit de tant de gens armés,

Corps qui gardent tous deux un naturel si traître,

Qu’encore après leur mort ils vont trahir leur maître,

Et le faire l’auteur de cette lâcheté,

Pour mettre à ses dépens Pymante en sûreté !

Mes habits, rencontrés sous les yeux de Lysarque,

Peuvent de mes forfaits donner seuls quelque marque ;

Mais s’il ne les voit pas, lors sans aucun effroi

Je n’ai qu’à me ranger en hâte auprès du roi,

Où je verrai tantôt avec effronterie

Clitandre convaincu de ma supercherie.

====Scène