Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/445

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evable ;

Et je me sens forcée à lui vouloir du bien

D’avoir à votre État conservé ce soutien.

Alcandre

Le généreux orgueil des âmes magnanimes

Par un noble dédain sait pardonner les crimes ;

Mais votre aspect m’emporte à d’autres sentiments,

Dont je ne puis cacher les justes mouvements ;

Ce teint pâle à tous deux me rougit de colère,

Et vouloir m’adoucir, c’est vouloir me déplaire.

Rosidor

Mais, sire, que sait-on ? peut-être ce rival,

Qui m’a fait, après tout, plus de bien que de mal,

Sitôt qu’il vous plaira d’écouter sa défense,

Saura de ce forfait purger son innocence.

Alcandre

Et par où la purger ? Sa main d’un trait mortel

A signé son arrêt en signant ce cartel.

Peut-il désavouer ce qu’assure un tel gage,

Envoyé de [sa] part, et rendu par son page ?

Peut-il désavouer que ses gens déguisés

De son commandement ne soient autorisés ?

Les deux, tout morts qu’ils sont, qu’on les traîne à la boue,

L’autre, aussitôt que pris, se verra sur