Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/454

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Rendait à vos désirs cette submission,

Et disposez de moi, qui borne mon envie

À prodiguer pour vous tout ce que j’ai de vie.

Dorise

Pymante, eh quoi ! faut-il qu’en l’état où je suis

Tes importunités augmentent mes ennuis ?

Faut-il que dans ce bois ta rencontre funeste

Vienne encor m’arracher le seul bien qui me reste,

Et qu’ainsi mon malheur au dernier point venu

N’ose plus espérer de n’être pas connu ?

Pymante

Voyez comme le ciel égale nos fortunes,

Et comme, pour les faire entre nous deux communes,

Nous réduisant ensemble à ces déguisements,

Il montre avoir pour nous de pareils mouvements.

Dorise

Nous changeons bien d’habits, mais non pas de visages ;

Nous changeons bien d’habits, mais non pas de courages ;

Et ces masques trompeurs de nos conditions

Cachent, sans les changer, nos inclinations.

Pymante

Me négliger toujours, et pour qui vous néglige !

Dorise

Que veux-tu ? son mépris plus que ton feu m’oblige ;

J’y trouve, malgré moi, je ne sais quel appas,

Par où l’ingrat me tue, et ne m’offense pas.