Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/478

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Clitandre

C’est à quoi désormais je veux penser le moins.

Floridan

Le moins ! Quoi ! désormais Caliste en ta pensée

N’aurait plus que le rang d’une image effacée ?

Clitandre

J’ai honte que mon cœur auprès d’elle attaché

De son ardeur pour vous ait souvent relâché,

Ait souvent pour le sien quitté votre service :

C’est par là que j’avais mérité mon supplice ;

Et pour m’en faire naître un juste repentir,

Il semble que les dieux y voulaient consentir ;

Mais votre heureux retour a calmé cet orage.

Floridan

Tu me fais assez lire au fond de ton courage :

La crainte de la mort en chasse des appas

Qui t’ont mis au péril d’un si honteux trépas,

Puisque sans cet amour la fourbe mal conçue

Eût manqué contre toi de prétexte et d’issue ;

Ou peut-être à présent tes désirs amoureux

Tournent vers des objets un peu moins rigoureux.

Clitandre

Doux ou cruels, aucun désormais ne me touche.

Floridan

L’amour dompte aisément l’esprit le plus farouche ;

C’est à ceux de notre âge un puissant ennemi.

Tu ne connais encor ses forces qu’à demi ;

Ta résolution, un peu trop