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ÉPITRE. 375

��A MADAME DE LA MAISONFORT».

Madame,

Le bon accueil qu'autrefois cette Veuve a reçu de vous l'oblige à vous en remercier, et l'enhardit à vous de- mander la faveur de votre protection. Etant exposée aux coups de l'envie et de la médisance, elle n'en peut trou- ver de plus assurée que celle d'une personne sur c[ui ces deux monstres n'ont jamais eu de prise. Elle espère qtie vous ne la méconnoîtrez pas, pour être dépouillée de tous autres ornements que les siens, et que vous la trai- terez aussi bien qu'alors que la grâce de la représentation la mettoit en son jour-. Pourvu qu'elle vous puisse diver- tir encore une heure, elle est trop contente, et se ban- nira sans regret du théâtre pour avoir une place dans votre cabinet. Elle est honteuse de vous ressembler si peu, et a de grands sujets d'appréhender qu'on ne l'ac- cuse de peu de jugement de se présenter devant vous, dont les perfections la feront paroître d'autant plus im- parfaite ; mais quand elle considère qu'elles sont en un si haut point, qu'on n'en peut avoir de légères teintures sans des privilèges tous particuliers du ciel, elle se ras- sure entièrement, et n'ose plus craindre qu'il se ren- contre des esprits assez injustes pour lui imputer à défaut

1. Cette dédicace a été réimprimée dans les éditions de 16/4^-1657. Au moment où Corneille l'écrivait, Elisabeth d'Estampes était veuve de Louis de la Châtre, baron de la Maisonfort, maréchal de France, mort en octobre i63o; mais ce n'était pas une jeune veuve comme l'héroïne de notre poëte : elle avait cinquante-deux ans. Elle mourut à Coubert en Brie, le i4 septembre i65^, âgée de soixante-douze ans.

2. Var. (édit. de i644-i657) : les grâces de la représentation la mettoient en son jour.

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