Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/71

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à la fois brillant et familier, fort connu assurément, mais dont rien ne saurait tenir lieu à la fin d’une étude sur Corneille, car en même temps qu’il résume le jugement des contemporains, il devance celui de la postérité avec une exactitude, une justesse que le temps nous permet aujourd’hui d’apprécier et d’admirer :

« Lorsque, dans les âges suivants, on parlera avec étonnement des victoires prodigieuses et de toutes les grandes choses qui rendront notre siècle l’admiration de tous les siècles à venir, Corneille, n’en doutons point, Corneille tiendra sa place parmi toutes ses merveilles. La France se sou- viendra avec plaisir que sous le règne du plus grand de ses rois a fleuri le plus grand de ses poètes. On croira même ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits cet excellent génie ; que même, deux ou trois jours avant sa mort, et lorsqu’il ne lui restoit plus qu’un rayon de con- noissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité, et qu’enfin les dernières paroles de Corneille ont été des re- merciments pour Louis le Grand.

« Voilà, Monsieur, comme la postérité parlera de votre illustre frère ; voilà une partie des excellentes qualités qui l’ont fait connoître à toute l’Europe. 11 en avoit d’autres, qui bien que moins éclatantes aux veux du public, ne sont peut-être pas moins dignes de nos louanges : je veux dire homme de probité et de piété, bon père de famille, bon parent, bon ami. Vous le savez, vous qui avez toujours été uni avec lui d’une amitié qu’aucun intérêt, non pas même aucune émulation pour la gloire, n’a pu altérer. Mais ce qui nous touche de plus près, c’est qu’il étoit encore un très bon académicien ; il aimoit, il cultivoit nos exercices ’ ; il y apportoit surtout cet

I. Il serait assez diËBcile de déterminer au juste dans quelle me- sure Corneille participait aux travaux de l’Académie ; toutefois le passage suivant des Factums de Furetière semble indiquer cpi’il n’assistait pas fort régulièrement aux séances ordinaires :

« Si en général j’ai appelé jetonniers ceux qui sont assidus à l’Académie pour vaquer au travail du Dictionnaire, je n’ai pu trouver de nom plus propre et plus significatif pour les distinguer des académiciens illustres par leur qualité et par leur mérite, dont les noms