Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/102

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Qui bientôt de vous deux termine l’hyménée.
Il se plaint toutefois un peu de ta froideur ;
Mais, pour l’amour de moi, montre-lui plus d’ardeur ;
Parle : ma volonté sera-t-elle obéie ?

Célidée.

Hélas ! qu’on vous abuse après m’avoir trahie !
Il vous fait, cet ingrat, parler pour Dorimant,
Tandis qu’au même objet il s’offre pour amant,
Et traverse par là tout ce qu’à sa prière
Votre vaine entremise avance vers la mère.
Cela, qu’est-ce, monsieur, que se jouer de vous ?

Pleirante.

Qu’il est peu de raison dans ces esprits jaloux !
Eh quoi ! pour un ami s’il rend une visite,
Faut-il s’imaginer qu’il cajole Hippolyte ?

Célidée.

Je sais ce que j’ai vu.

Pleirante.

Je sais ce que j’ai vu. Je sais ce qu’il m’a dit,
Et ne veux plus du tout souffrir de contredit.
Mon choix de votre hymen en sa faveur dispose.

Célidée.

Commandez-moi plutôt, monsieur, toute autre chose.

Pleirante.

Quelle bizarre humeur ! quelle inégalité
De rejeter un bien qu’on a tant souhaité !
La belle, voyez-vous ! qu’on perde ces caprices ;
Il faut pour m’éblouir de meilleurs artifices.
Quelque nouveau venu vous donne dans les yeux,
Quelque jeune étourdi qui vous flatte un peu mieux :
Et parce qu’il vous fait quelque feinte caresse,