Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/118

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Dorimant.

Vos charmes trop puissants me forcent à ces feux.

Hippolyte.

Oui, mais rien ne vous force à vous approcher d’eux.

Dorimant.

Ma présence vous fâche et vous est odieuse.

Hippolyte.

Non ; mais tout ce discours la peut rendre ennuyeuse.

Dorimant.

Je vois bien ce que c’est ; je lis dans votre cœur :
Il a reçu les traits d’un plus heureux vainqueur ;
Un autre, regardé d’un oeil plus favorable,
À mes submissions vous fait inexorable ;
C’est pour lui seulement que vous voulez brûler.

Hippolyte.

Il est vrai ; je ne puis vous le dissimuler :
Il faut que je vous traite avec toute franchise.
Alors que je vous pris, un autre m’avait prise,
Un autre captivait mes inclinations.
Vous devez présumer de vos perfections
Que si vous attaquiez un cœur qui fût à prendre,
Il serait malaisé qu’il s’en pût bien défendre.
Vous auriez eu le mien, s’il n’eût été donné ;
Mais puisque les destins ainsi l’ont ordonné,
Tant que ma passion aura quelque espérance,
N’attendez rien de moi que de l’indifférence.

Dorimant.

Vous ne m’apprenez point le nom de cet amant :
Sans doute que Lysandre est cet objet charmant
Dont les discours flatteurs vous ont préoccupée.